Le diagnostic est alarmant. Sur les
sept médecins généralistes du Haut-Plateau, six partiront à la retraite
dans les dix prochaines années.
Fort de ce constat, le médecin
Louis Bonvin a fait part de ses inquiétudes à la société Magellan,
exploitante de huit centres médicaux entre Genève et Vaud. «Aujourd’hui,
les médecins installés n’arrivent plus à couvrir la demande. Quand j’ai
moi-même cherché des jeunes médecins avec qui collaborer, je n’ai
essuyé que des refus. Ils trouvent que les exigences en termes de charge
de travail sont trop élevées», explique le généraliste de
Crans-Montana. Le projet d’un centre médical en station a donc été
présenté mardi aux présidents des six communes du Haut-Plateau, en
collaboration avec le Dr Hakan Kardes, directeur du groupe Magellan.
Pour
assurer la prise en charge des résidents et des touristes sur le long
terme et maintenir une médecine généraliste de qualité, l’objectif est
de recruter des nouveaux médecins pour atteindre huit équivalents
plein-temps dans les cinq prochaines années. Le centre prendrait place
dans les locaux du Dr Bonvin, au cœur de la station.
Les médecins de la région sont favorables
«L’important
est de travailler en amont avec les médecins installés pour qu’ils
soient partie prenante du projet. Ensemble, nous définissons une
conception du cabinet de groupe et mettons en place un management qui
permette aux médecins de prendre des décisions stratégiques pour le
centre, sans s’occuper de l’administratif», détaille le Dr Kardes,
qui a fondé la société Magellan après avoir lui-même ouvert un premier
centre médical au Lignon à Genève. Un point partagé par Monique
Lehky-Hagen, présidente de la Société médicale du Valais. «L’essentiel
dans ce type de processus, est que les médecins soient associés à la
démarche. On entre dans une nouvelle ère, où politiciens et médecins
doivent travailler main dans la main.»
Sur les sept généralistes que compte le Haut-Plateau, la majorité s’est montrée favorable à l’ouverture d’un tel centre. «Travailler
en groupe permettra un partage du travail et l’échange des compétences,
ce qui est très appréciable quand on exerce une médecine générale au
sens large du terme», ajoute le Dr Louis Bonvin.
Moins d’administratif, plus de soins
Pour
les patients, un cabinet médical offre l’avantage d’horaires élargis,
jusqu’à 19
heures en semaine, une ouverture le samedi matin, ainsi qu’une
permanence sept jours sur sept en saison. Les médecins quant à eux
verront leurs charges diminuées, les coûts administratifs étant partagés
par l’ensemble des partenaires du cabinet. «Il sera plus facile pour
les médecins d’exercer à temps partiel. Le but est qu’ils se
concentrent sur les soins, non plus sur la gestion de leur cabinet», note le directeur général de Magellan.
1,5
million demandé aux communes
Pour réaliser les neuf
cabinets, les six salles de soin, le laboratoire, la salle de radiologie
et les salles de réception et conférence que comptera le centre médical
de la future société Centre médical du Haut-Plateau SA, 1,5 million de
francs sont requis. Ce montant a été demandé aux six communes,
enthousiasmées par le projet qui répond à une réelle préoccupation.
«Le montant d’1,5 million
n’est pas un problème en soit, car il sera réparti entre six communes,
selon la clé de répartition de l’Association des communes de
Crans-Montana, dit Stéphane Pont, président de l’ACCM. Il s’agit
maintenant de connaître les modalités de cette prise en charge. Se
fera-t-elle sous forme de fonds perdus, de remboursement ou de
participation à l’actionnariat de la société?»
Selon le Dr
Hakan Kardes, la solution qui se dessine est la création d’une société
anonyme dont l’actionnariat sera réparti entre les communes, Magellan et
les médecins. Une fois ces modalités réglées, les montants seront
inclus aux budgets 2016 des communes, puis présentés aux assemblées
primaires en décembre. L’ouverture des locaux est prévue en avril 2016.
L'exemple de Vouvry
Pour encourager les élus du Haut-Plateau à s'engager dans un projet de regroupement des médecins, le président de Vouvry, Reynold Rinaldi, et la sous-préfète du district de Monthey, Rose-Marie Antille, leur ont présenté la future Maison de la santé du Haut-Lac. En construction à Vouvry, ce centre médical regroupera une dizaine de médecins généralistes, pédiatres et gynécologues, pour six équivalents plein-temps. Le modèle est basé sur un partenariat public-privé entre les médecins et la commune qui investit 4,8 millions et sera propriétaire des locaux. «Le but est de faire une opération blanche. C'est-à-dire ne pas subventionner les médecins, ni de faire des bénéfices sur leur dos. L'important est de pérenniser une médecine de proximité de qualité», selon Reynold Rinaldi. Le centre desservira tout le bassin de population du Chablais, jusqu'à Saint-Gingolph. L'inauguration est prévue entre la fin 2016 et le printemps 2017.
Source : Le Nouvelliste du 17.09.2015