Qu’il s’appelle Aqualoisir ou Aquamust, le projet de centre thermal de Crans-Montana stagne depuis plusieurs années. Or, un concours d’architecture a été organisé et plusieurs millions ont déjà été engagés. Le chauffage à distance est lui aussi au point mort, grevé par des oppositions. Cohérent géographiquement et économiquement, le Haut-Plateau était divisé en six communes jusqu’en 2016 et la fusion qui a créé Crans-Montana. Il en reste encore trois aujourd’hui. Les projets d’importance régionale demandent une collaboration et un suivi particulier qui semblent faire défaut aujourd’hui.
Projets oubliés
Les communes du Haut-Plateau ne sont pas les plus pauvres du Valais, Lens et Crans-Montana sont parmi les plus gros contributeurs à la péréquation financière. Pourtant aucun projet d’infrastructure n’est en cours de réalisation, comme le regrette le président de Lens, David Bagnoud: «En 2018, le compte d’investissement de l’Association des communes de Crans-Montana (ACCM) était le plus petit de son histoire et le prochain sera encore plus maigre, c’est un peu triste.»
Pour y remédier, Joseph Bonvin, qui préside la Commission économie et tourisme de l’ACCM, a lancé une réflexion participative qui devra aboutir sur une stratégie concrète. «Il manque une vision globale, le dernier plan stratégique date de 2000 et est tourné presque exclusivement vers le tourisme. Nous avons besoin d’un programme plus large qui englobe la mobilité, le territoire, l’économie en général», reconnaît ce conseiller communal de Crans-Montana.
Pour 2 millions d’études en sommeil
La démarche a commencé par un gros travail de synthèse. «Il y a entre soixante et septante études dans nos tiroirs, pour un montant d’environ 2 millions de francs», révèle Joseph Bonvin qui souhaite ainsi les valoriser. «Chaque élection est une page blanche, les dossiers, sauf les gros, ne se transmettent pas forcément entre deux administrations. Et il y avait six communes avant la fusion», indique Joseph Bonvin pour expliquer ces études qui sommeillent.
La HES-SO a été appelée en renfort pour extirper les lignes directrices de ces travaux qui couvrent une dizaine d’années. Un diagnostic a ainsi été posé et présenté aux trois Conseils communaux.
Impliquer l’économie
Dans un deuxième temps, la réflexion a été étendue à tous les acteurs de la station. «Le tourisme ne doit pas être notre unique moteur. Les quatre cliniques, par exemple, sont le premier employeur à l’année. Ville à la montagne, Crans-Montana a beaucoup d’atouts», souligne Joseph Bonvin. Une trentaine de personnes ont été invitées à s’exprimer lors de deux ateliers. «Au début, ça partait dans tous les sens, mais c’est très vite devenu cohérent», se souvient le Conseiller communal.
Engagement contraignant
Les partenaires vont désormais définir les objectifs intercommunaux et les indicateurs de performance. Le but sera d’établir une hiérarchie et un programme d’actions prioritaires. Le bureau d’études SEREC supervise cette étape. Une charte doit émerger de ces travaux avant la fin de l’année pour être validée par les trois assemblées primaires de décembre.
Les communes devront ensuite mettre en œuvre les actions retenues. La charte sera contraignante pour les trois entités, mais aussi pour les administrations successives, de quoi garantir la continuité. Les Conseils communaux ont déjà accepté d’engager une ou plusieurs personnes, pour environ 100% d’équivalent plein-temps afin d’assurer le suivi des réalisations.
Source : Le Nouvelliste, Alexandre Beney, 05.07.2019
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